Karl Rahner, Traité Fondamental de la foi.
Pour Rahner, la révélation divine doit être objet de réflexion et en un certain sens de démonstration. On ne peut parler du Christ d'entrée de jeu mais d'abord mener à lui. Car il ne s'agit pas uniquement de connaissance mais aussi de vouloir, de liberté. Dieu s'offre à l'homme en silence... Si la transcendance est la condition de possibilité la plus évidente, la plus nécessaire de toute intelligence/compréhension spirituelle alors, en vérité, le mystère sacré est la seule réalité allant de soi (p.35). Le savoir de l'homme est une petite île flottante sur l'océan. La grande question est de savoir s'il préfère son île ou la mer du mystère infini ? La petite lumière dont il éclaire cette île et qu'on appelle science sera-t-elle une lumière éternelle qui luise éternellement, un enfer ? Pour Rahner, l'homme est avant tout personne et sujet. Il se reconduit à la pluralité de ses origines mais il se pose comme sujet, s'éprouve lui-même. Mais il est aussi être de transcendance. Son histoire est purement finie mais peut s'inscrire dans un horizon infini. La transcendance apparaît alors comme "le surgissement de l'horizon infini de l'être à partir de celui-ci même" (p. 48). Propulsé vers l'indicible, il ne peut être sujet absolu mais s'inscrit comme un être capable de l'accueil de la grâce. Cette ouverture a priori à l'être est fondamentale. C'est aussi le lieu d'une liberté. Mais l'homme ne sait explicitement ce que signifie Dieu. Le mot de Dieu ne dit plus rien ? Est-ce le dernier mot précédant le silence ? Il faut pour Rahner se laisser saisir par un mystère toujours prêt à se dérober (p. 70). Il distingue ainsi trois modes de connaissance. Celle que l'on a a posteriori, la connaissance à travers la Parole, et enfin l'auto-manifestation du divin dans son humanité (p. 71). Cette connaissance de Dieu reste un appel, une question que l'on peut accepter ou refuser. Dans son existence concrète l'homme peut faire l'expérience d'être arraché à lui même et se transcender vers le mystère ineffable. Cela ne peut être possible que dans le dialogue, dans une logo-thérapie. On rejoint ce que Daniélou décrivait comme la faille possible de l'homme. "L'immédiateté radicale de Dieu est toujours médiatisée par le sujet fini qui l'expérimente et du même coup s'expérimente aussi lui-même. Dans ce surgissement de Dieu, il ne s'abîme pas mais parvient à son achèvement et donc à l'autonomie la plus grande, présupposition et conséquence de cette immédiateté absolue par rapport à Dieu et en provenance de lui.... (p. 101). Auto-communication Après une longue présentation sur le rapport de l'homme à la faute, Rahner introduit (p. 134) ce qui est le coeur de son message : l'autocommunication de Dieu "(c'est-à-dire la grâce de la justification) est ce qu'il y a de plus profond et de plus radical dans la situation existentiale de liberté de l'homme." Pour lui cette absence de l'auto-communication de Dieu (qui sanctifie l'homme) dans sa situation de liberté est un "préjudice héréditaire". Refuser cette auto-communication, est un péché d'orgueil. Or pour Rahner, l'auto-communication de Dieu ne vient pas en Adam mais en Christ, l'homme Dieu. "Dieu se fait le constitutif le plus intérieur de l'homme lui-même". Dans l'auto-communication de Dieu , Dieu demeure Dieu mais devient pour l'homme une réalité radicale, irréductible, un dévoilement comme mystère. "Dieu veut donner la vision immédiate de lui même comme accomplissement de la vie spirituelle. A travers l'Esprit, le pneuma divin est octroyé à l'homme, et il est dès maintenant fils de Dieu et que doit seulement devenir manifeste ce qu'il est maintenant." p. 146. Il ne s'agit pas de description hyperboliques mais d'une relation vraie qui efface toutes les puissances numineuses. C'est un cercle brisé ou Dieu, le Fils et l'Esprit surpasse tout le reste. Un et vivant. Il est. Le christianisme est le rapport immédiat à Dieu où Dieu reste Dieu. Il ne donne pas quelque chose de différent de lui, un quelconque don numineux et mystérieux, mais se donne lui-même. Cette auto-communication, ne se fait pas dans la distance, mais dans la proximité et l'immédiateté. Vers l'incarnation La découverte que cette transcendance n'est pas un horizon lointain mais s'inscrit dans la proximité, dans l'intimité qui pardonne. C'est le coeur de l'expérience de l'homme. Le chemin de l'homme est pour Rahner la découverte d'un Dieu qui pardonne en se donnant lui-même, parce que c'est seulement là que peut se donner un pardon insurpassable. L'homme est appelé à prendre conscience de l'infini du cosmos et à devenir participant d'un infini. Dans l'homme, le monde est posé. La Parole de Dieu en "posant" le monde crée une matérialité qui doit devenir la sienne propre ou l'environnement de sa propre matérialité. (p. 225). L'incarnation est le coeur de cette dépose, le "moment intérieur et nécessaire du don de la grâce fait au monde entier par Dieu lui-même" (p.227). Jésus est l'auto-communication de type absolu à l'humanité la promesse totale dans l'accueil de la réalité humaine et dans l'union hypostatique... Pour Rahner, si l'homme se risque à espérer, Dieu se manifeste comme une promesse. Lorsque l'homme se met en recherche de cette promesse tout en demeurant libre et exemplaire, cette promesse peut devenir victorieuse. Devenir homme, c'est devenir sujet mais aussi devenir participant du mystère absolu. L'homme est aussi le mystère. Que veut dire le verbe s'est fait chair ? Pour Rahner, la Parole est devenue Homme. C'est en fait l'auto-diction de Dieu, une auto-extériorisation. Lorsqu'il se fait connaître comme l'amour, lorsqu'il voile la majesté de l'amour et se montre comme le commun des hommes, Dieu se dit.... "Dieu s'expose et peut se dire jusque d'en cette vacuité du néant qui l'entoure, par qui il est le miracle de l'amour et du don libre" (p. 254). Le Logos est devenu homme. La Parole abrégée de Dieu. Le Chiffre de Dieu : tel est l'homme, le fils de l'homme, Lorsque l'homme veut être non Dieu, surgit l'homme. Jésus accueille librement le destin de la mort. Il maintient dans la mort sa prétention unique à l'identité de son message et de sa personne. Le Christ - Logos est la possibilité qu'à Dieu de se dire dans l'histoire. Pour Rahner, la mort du Christ n'est pas une mort humaine. Elle est aussi une mort de Dieu dans le sens ou malgré son immutabilité, Dieu se livre à nous dans l'amour et comme l'Amour, et c'est dans sa mort que cela devient réel et accède au phénomène. La mort de Jésus fait partie de l'autodiction de Dieu (p. 342). Sur la foi. La foi et la connaissance ne sont pas possibles sans la grâce, sans le consentement libre du sujet croyant... La foi saisit d'un même moment son objet et son fondement au sein d'une action et d'une décision libre portées par la grâce... L'acte salvifique absolu (eschatologique) est de conjuguer la liberté de l'homme et la liberté de Dieu (p.337). "Nous qui sommes nés sans qu'on nous l'ai demandé, qui mourrons sans qu'on nous le demande et qui avons dû assumer un espace libre déterminé qu'en fin de compte nous ne saurions modifier, il n'existe pas de liberté immédiate qui serait absence de toutes ces puissances qui concourent à déterminer notre existence. Mais le chrétien croit qu'au travers de cette captivité il y a un porche ouvrant sur la liberté, ce passage que nous ne saurions forcer, mais que Dieu nous ménage, en se donnant lui-même à travers toutes ces captivités de notre existence" (p. 448) "La tâche propre totale, englobante du chrétien en tant que chrétien est d'être un homme, avec cette profondeur divine bien sûr qui lui est inéluctablement impartie par avance et découverte dans son existence" L'homme cependant n'est chrétien que s'il croit que tout ce positif, le beau, l'épanouissant doit passer par la mort. La Croix est signe de victoire. Nous n'avons pas le droit de bannir de notre existence la dureté, la ténèbre, la mort. Viens à nous la mort mais ce n'est pas nous qui sommes venus à la mort. Elle est le porche unique de la vie. Renoncer à tout opium en notre existence, aux analgésiques de la vie, boire le calice avec le Christ, c'est seulement quand on accueille cela dans l'âpreté de la vie réelle (car nous mourons tout au travers de notre vie) que l'on peut avancer en chrétien. Le réalisme pessimiste n'est possible que si le chrétien est l'homme de cette espérance qui rend libre. Cette espérance seule rend libre. Elle nous permet nous tourner vers un regard positif sur tous les biens immédiatement tangibles que referme le monde. Le chrétien doit s'exposer à ce pluralisme de l'existence humaine. Face au monde, l'Eglise peut-être le stimulant vers l'ultime mais la signification advient réellement dans l'auto-communication absolue de Dieu à l'homme. A travers tout, le chrétien est invité à faire confiance en elle, se différenciant du non chrétien. Le chrétien doit percevoir la différence entre ce qu'il est et ce qu'il doit être et accueillir cette différence. Une différence que l'homme doit dépasser par le haut entre la paresse de son esprit, son égoïsme et la lumière de la vérité, de l'amour de la fidélité, du désintéressement, d'autre part (p.453). Entend-il être ouvert ou non à cette ouverture la plus intime de l'existence de Dieu ? L'homme est-il disposé à dépasser par le haut ou a réduire cette différence ressortissant à son essence entre ce qu'il est et ce qu'il peut et doit être. Il reste possible qu'il n'aperçoive pas cette importance de la décision éthique, d'une norme qui indique de façon asymptotique le but et l'idéal auxquels il faut tendre. On ne saurait nier par principe la signification religieuse de l'effort éthique qui permet à l'homme de tendre vers le haut. C'est le chemin des prophètes et de l'Evangile. Celui qui permet de rétablir l'unité entre l'amour de Dieu et l'amour du prochain. Il ne s'agit pas d'un sentiment mais d'une exigence, une nécessaire décision, une responsabilité, un renoncement aussi et une abnégation. C'est ce vers quoi doit aboutir toute obligation éthique, qui déborde par principe une éthique de la loi. L'amour de Dieu et l'amour du prochain doit et peut s'accomplir dans le seul amour de l'homme jusqu'à ce que l'homme découvre l'unité intérieure de l'éthicité et de la religion. Ce qu'il y a d'ultime et de caractéristique dans l'existence chrétienne est en ce que le chrétien se laisse abîmer dans le mystère que nous nommons Dieu, que dans la foi et l'espérance il est convaincu que c'est une (...) chute dans le mystère bienheureux et pardonnant de Dieu. Chrétien est l'homme tout court qui sait aussi que cette vie qu'il accomplit peut aussi se réaliser là ou un homme n'est pas chrétien (p.476)." d'après Karl Rahner in Traité Fondamental de la foi, Centurion Karl Rahner : Théologien Allemand, 1904-1984 Autres ouvrages commentés dans Chemins : Des sites qui en parlent : |
JB Casino - Hotel Near Me - JM Hub
RépondreSupprimerJB Casino. JB Casino in Gary, Indiana. Experience the best slots, 경산 출장샵 table games, bingo, live entertainment & 태백 출장마사지 gaming. 광주광역 출장샵 JB Casino in 문경 출장마사지 Gary, Indiana. Rating: 3.7 · 9 계룡 출장안마 reviews