INTRODUCTION
En cette année académique 2010-2011, il nous a été demandé de passer un stage dans un établissement de notre choix. Ce stage s’inscrit dans le cursus de formation de la filière éducative à la faculté de philosophie. Nous avons donc choisi le collège catholique bilingue saint Benoit. Ce choix n’a pas été arbitraire. En effet, étant prêtre et futur enseignant dans les collèges catholiques, nous avons jugé bon de passer notre stage dans le milieu dans lequel nous allons travailler demain. Ceci pour nous imprégner de la réalité qui nous attend.
Pour notre travail, nous avons choisi de réfléchir sur la sélection en milieu scolaire. Que pouvons-nous comprendre par sélection ? En termes simples, la sélection se présente comme le revers de la socialisation. Tandis que la socialisation unit, la sélection divise, crée des paliers. La sélection est une division de la population scolaire en groupes inégaux, en partant de certains critères. Il faut ici comprendre que dans chaque école il existe des inégalités qui peuvent être : des inégalités de sexe, de réussite, les inégalités sociales, etc. Les inégalités font partie de la vie scolaire. Pour notre part, dans notre recherche nous avons mis l’accent sur les inégalités de réussite comme forme de sélection. Comment se présente la sélection en milieu scolaire ? Quels sont les facteurs déterminants qui peuvent être à l’origine des inégalités de réussite en milieu scolaire ? Ce sont là quelques interrogations qui vont nous orienter dans notre recherche.
Comme méthode, nous avons procédé à la distribution des questionnaires adressés aux élèves, aux parents et aux enseignants. Nous retrouverons ces différents questionnaires en annexe de notre travail. En plus des questionnaires, nous avons procédé aux entretiens avec les élèves, pour avoir leurs avis de manière directe. Nous avons aussi jugé bon d’assister à certains cours pour prendre des notes sur certaines attitudes, soit des élèves, soit des enseignants, susceptibles de nous éclairer sur notre recherche.
Notre travail s’articule alors sur trois grands axes, à savoir : la présentation générale, le déroulement du stage, l’apport personnel et l’appréciation.
I.PRESENTATION GENERALE
Avant de nous lancer en profondeur dans notre investigation, il convient pour nous de procéder à une présentation du milieu dans lequel nous avons effectué notre stage. Dans cette première partie, nous voulons situer le collège catholique bilingue saint Benoit, et présenter les objectifs de ce milieu scolaire.
I.1. Situation et structure
Le collège catholique bilingue saint Benoit est une institution d’enseignement secondaire catholique, dirigé par les missionnaires de la Congrégation des Fils l’Immaculée Conception. Il a vu le jour un peu avant l’arrivée du Pape Benoit XVI en mars 2009. C’est donc en 2006 qu’on a procédé à la pose de la première pierre de cet établissement. Il est situé dans l’Archidiocèse de Yaoundé, précisément à Mvolyé, près de l’imprimerie saint Paul, en face du siège de la conférence épiscopale. Un peu plus loin, c’est-à-dire au sommet de la colline de Mvolyé, se trouve la Basilique Marie Reine des Apôtres.
Comme structure, le collège catholique saint Benoit comprend en son sein, deux grands bâtiments de deux étages chacun. Ces deux bâtiments imposants par leur architecture, sont l’un en face de l’autre. Au milieu se trouve la cours de récréation qui fait aussi office d’air de jeux sportifs (Football et hand-ball). Chaque bâtiment comprend 18 salles de classes, dont certaines ne sont pas encore occupées. En effet, le collège saint Benoit, qui pour l’instant s’arrête au niveau seconde, a le projet d’étendre ses classes jusqu’au niveau terminal. En plus des salles de classes, se trouvent répartis dans les différents bâtiments, le bureau du principal, les bureaux des directeurs des études (section francophone et anglophone), celui de l’économe, la salle des professeurs, la salle d’informatique et un espace commercial. C’est donc un collège en plein expansion.
II.2. Les objectifs du collège
Le collège catholique bilingue saint Benoit accueille des jeunes de toute origine sociale, culturelle ou religieuse. Il a pour vocation d’assurer la formation intégrale des enfants qui lui sont confiés. Il propose à l’élève une éducation qui prône les valeurs morales et chrétiennes. Le collège saint Benoit se propose de mettre l’enfant au centre de ses apprentissages, en lui apprenant à se prendre en charge. C’est donc un lieu d’épanouissement de l’éduqué du moment où on lui apprend autre chose qu’une simple réussite matérielle.
Ce collège a aussi pour objectif de développer chez l’enfant le sens de responsabilité personnelle, le goût du service et de l’effort, l’ouverture à l’universel, la conscience des solidarités. Ainsi, apprendre à saint Benoit, c’est grandir avec son établissement, c’est apprendre à devenir citoyen par sa participation scolaire avec le souci de respecter toute personne, y compris l’environnement. Apprendre à saint Benoit, c’est non seulement se former par une pédagogie de transfiguration, mais surtout apprendre par une pédagogie centrée sur le développement des qualités humaines, intellectuelles et spirituelles. Apprendre ou grandir à saint Benoit, c’est s’épanouir dans un établissement où on est accueilli, valorisé, aimé, guidé dans ses choix, sinon dans sa vie. Apprendre à saint Benoit c’est trouver des repères et des valeurs utiles pour une vie heureuse.
II. DEROULEMENT DU STAGE
Après une présentation générale de notre lieu de stage, qui n’est autre que le collège catholique bilingue saint Benoit, il convient pour nous de décrire le déroulement de notre stage. Nous entendons par là présenter le déroulement chronologique et les résultats de notre enquête sur la sélection en milieu scolaire.
II.1. Déroulement chronologique
Notre stage au collège saint Benoit s’est déroulé du lundi 11 au vendredi 15 avril 2011. La journée du lundi 11 avril, marquant le début de notre stage, a été une journée de prise de contact avec l’administration du dit établissement. Il s’agissait pour nous de présenter notre projet et de nous familiariser avec le milieu. Dès 8h30, nous avons été reçus par le principal du collège. Au cours de notre entretien, nous avons présenté notre thème et la manière dont nous comptions procéder pour atteindre les objectifs de notre recherche. Il était question pour nous de mener une enquête sur la sélection en milieu scolaire. Après examen de notre thème, le principal nous a orientés vers le directeur des études de la section anglophone, en nous suggérant de travailler avec le niveau troisième. Avec le directeur des études, à nouveau, nous avons examiné le thème et les questionnaires que nous avions apprêté pour notre enquête. Avec lui, le choix sur la classe de 3e B (form 4B) a été adopté comme notre classe de stage. La matinée s’est achevée avec une présentation brève de la dite classe, et d’une visite de l’espace scolaire (bâtiments et aires de jeux).
La matinée du mardi 12 avril, nous avons commencé notre stage en 3e B. c’est une classe de 46 élèves où les filles sont majoritaires. Soit 29 filles et 17 garçons. Les âges varient de 12 à 16ans. Nous avons consacré la matinée à la distribution des questionnaires adressés aux élèves et aux parents d’élèves. La matinée s’est achevée avec des échanges fructueux et enrichissant sur les causes d’échecs scolaires. Des questions on donc alimenté ces échanges, à savoir : Pourquoi certains élèves réussissent et d’autres pas ? Quels sont les facteurs qui concourent soit à la réussite, soit à l’échec en milieu scolaire ?
Le mercredi 13 avril 2011, nous avons assisté au cours de français, articulé de la manière suivante : prière – minute de l’information – thème (leçon) du jour.
Le jeudi 14 avril 2011, nous avons procédé au ramassage des questionnaires distribués aux élèves et aux parents. Nous avons noté que les élèves n’ont eu aucune difficulté à remplir les questionnaires. A la fin de la matinée, le tour revenait aux professeurs intervenants en 3e B, de remplir le questionnaire qui leur était destiné.
Le vendredi 15 avril a été pour nous la journée marquant la fin de notre stage. C’était pour nous le moment d’avoir les derniers entretiens avec les élèves. A la fin, nous avons remercié tous ceux qui ont participé au bon déroulement de notre travail, à savoir les élèves, enseignants et membres de l’administration. C’est donc avec un sentiment de satisfaction, sentiment que nous avions exprimé au principal, que nous avions quitté le collège saint Benoit.
II.2. Enquête sur les inégalités
A/ Quartier de résidence
Effectifs | Pourcentages | |
Quartiers éloignés du collège | 32 | 69,56% |
Quartiers non éloignés du collège | 14 | 30,43% |
TOTAL | 46 | 100% |
Nous constatons que beaucoup d’élèves vivent très loin du collège. Pourquoi les parents ont-ils choisis un établissement éloigné de leurs lieux d’habitation ? Ont-ils de la préférence pour cet établissement ? Ne pouvaient-ils pas inscrire leurs enfants dans un établissement proche de leur quartier ? N’avaient-ils pas de choix au moment d’inscrire les enfants ?
B/ Moyens de locomotion
Taxi | On me dépose | Je vais à pied | TOTAL | |
Effectifs | 31 | 13 | 2 | 46 |
Pourcentages | 67, 39% | 28, 26% | 4, 34% | 100% |
Nous constatons que la majorité des élèves de cette classe emprunte le taxi comme moyen de locomotion. Le tiers est déposé par les parents. Les parents n’ont-ils pas la possibilité de les déposer eux-mêmes ? Les familles sont-elles suffisamment aisées financièrement ? Dans tous les cas, n’est-ce pas là un effort des parents de faire en sorte que les enfants arrivent à l’heure en classe ?
C/ Ages
12 ans | 13 ans | 14 ans | 15 ans | 16 ans | TOTAL | |
Effectifs | 4 | 5 | 19 | 14 | 4 | 46 |
Pourcentages | 8, 69% | 10, 86% | 40, 30% | 30, 43% | 8, 69% | 100% |
Dans cette classe, la majorité des élèves ont entre 14 et 15 ans. Ce qui correspond à l’âge moyen pour ce niveau. Cette catégorie représente pratique 70% de l’effectif de la classe. Que pouvons-nous comprendre ici ? Une grande partie des élèves de cette classe a fait un parcourt sans faute ? Ne sont-ils pas nombreux à avoir repris les classes antérieures ?
D/ Sexes
Masculin (M) | Féminin (F) | TOTAL | |
Effectifs | 17 | 29 | 46 |
Pourcentages | 36, 95% | 63, 04% | 100% |
Nous sommes dans une classe où les filles sont plus nombreuses que les garçons, c’est-à-dire plus de la moitié de la classe. N’est-ce pas là un cas qui illustre bien la réalité démographique du Cameroun ? Les femmes ne sont-elles pas souvent plus nombreuses que les hommes ?
E/ Travail à la maison
Élève avec répétiteur | Lecture personnelle | Par les parents | Groupes De travail | TOTAL | |
Effectifs | 9 | 36 | 1 | 0 | 46 |
Pourcentages | 19, 56% | 78, 26% | 2, 17% | 0% | 100% |
Plus de la moitié de la classe travail individuellement à la maison. Soit les 2/3 de l’effectif. Par contre, aucun d’entre eux ne travaille en groupe de travail à la maison. Cette situation ne traduit-elle pas que les enfants n’ont pas de suivi à la maison ? Les parents ne sont-ils pas démissionnaires face au suivi des enfants à la maison ? Les enfants eux-mêmes sont-ils conscients de l’importance de leur travail à la maison pour sortir de leurs lacunes ? Ont-ils pris conscience qu’ils doivent travailler avec d’autres personnes à la maison pour améliorer leurs performances ?
F/ Heure de réveil
5h 00 | 6h 00 | 7h 00 | TOTAL | |
Effectifs | 36 | 8 | 2 | 46 |
Pourcentages | 78, 26% | 17, 39% | 4, 34% | 100% |
C’est une classe matinale. Plus de la moitié de la classe se réveil à 5h. Les enfants se réveillent très tôt parce qu’ils habitent très loin du collège ou c’est pour une autre raison? Profitent-ils de ce temps pour relire les cours avant de venir en classe ? Est-ce les parents qui les réveillent ou ils le font eux-mêmes par souci de réussir ?
G/ Situation sociale des parents
Enseignants | Professions libérale | Fonctionnaires | Cadres supérieurs | Sans emploi ou retraité | TOTAL | |
Effectifs | 4 | 5 | 23 | 7 | 7 | 46 |
Pourcentages | 8, 69% | 10, 86% | 50% | 15, 21% | 15, 21% | 100% |
La moitié des élèves de cette classe, c’est-à-dire 50%, ont des parents fonctionnaires. On peut comprendre que beaucoup d’entre eux sont de famille de classe sociale moyenne. Mais les salaires des parents sont-ils suffisant pour s’occuper convenablement de la scolarité de leurs enfants ? N’y a-t-il pas un écart entre leurs enfants et ceux des cadres supérieurs du moment où l’école exige d’énormes moyens pour une bonne scolarité ? Les enfants dont les parents sont sans emploi ou retraité, ont-ils les mêmes chances de réussite que ceux qui ont les parents qui travaillent ?
H/ Situation matrimoniale des parents
Mariés | Polygames | Monoparentale | TOTAL | |
Effectifs | 35 | 2 | 9 | 46 |
Pourcentages | 76, 08% | 4, 34% | 19, 56% | 100% |
Nous constatons que plus de la moitié des élèves de cette classe est issue des familles dont les couples sont mariés, c’est-à-dire qu’ils vivent avec papa et maman sous le même toit. Cette catégorie est-elle plus avantagée que les autres ? Ceux qui sont des familles polygames ou monoparentales sont-ils confrontés à des difficultés qui réduisent leur chance de réussite ? L’équilibre familial n’est-il pas un facteur déterminant pour l’épanouissement de l’enfant ?
I/ Fournitures scolaires (pas en totalité)
Oui | Non | TOTAL | |
Effectifs | 34 | 12 | 46 |
Pourcentages | 79, 91% | 26, 08% | 100% |
La plupart des élèves de cette classe ne possède pas la totalité des fournitures scolaires. Suivent-ils bien les cours ? Sont-ils au même niveau de compréhension que ceux qui ont des livres ? Cela ne constitue-t-il pas un obstacle pour leur travail personnel (exercices et approfondissement du cours) à la maison ? Cette situation n’est-elle pas contraignante pour le professeur qui doit s’assurer du travail des élèves et de la compréhension de son cours ?
J/ Alimentation (suffisante)
Oui | Ça dépend | Non | TOTAL | |
Effectifs | 38 | 8 | 0 | 46 |
Pourcentages | 82, 60% | 17, 39% | 0% | 100% |
Dans cette classe, presque tous les élèves sont bien nourrit par les parents. Il ne se pose pas un problème de famine ou de sous nutrition. Pouvons-nous comprendre ici que ces élèves ont suffisamment de force et d’énergie pour étudier ? Sont-ils en bonne santé ?
K/ Les causes de la sous moyenne
Effectifs | Pourcentages | |
Il y a le désordre en classe | 16 | 34, 78% |
Je ne comprends pas | 13 | 28, 26% |
Il y a des problèmes à la maison | 4 | 8, 69% |
Pas de suivi à la maison | 6 | 13, 04% |
Pas de temps pour étudier | 2 | 4, 34% |
Le professeur n’explique pas bien | 3 | 6, 52% |
Problème de santé (maladie) | 2 | 4, 34% |
TOTAL | 46 | 100% |
Beaucoup d’élèves se plaignent du désordre en classe. Beaucoup d’entre eux ne comprennent pas le cours. Y a-t-il un problème de discipline dans cette classe ? Le désordre en classe n’empêche-t-il pas beaucoup d’entre eux à être attentif aux explications du professeur ? Se pose-t-il une crise d’autorité des enseignants dans cette classe ?
· Avis des enseignants.
A/ Qui réussit mieux ?
Effectifs | Pourcentages | |
Ceux des familles aisées | 2 | 16, 66% |
Ceux qui ont un suivi dans la famille | 3 | 25% |
Ceux qui sont disciplinés en classe | 6 | 50% |
Ceux qui sont assis devant | 1 | 8, 33% |
TOTAL | 12 | 100% |
La moitié des professeurs conviennent que ceux qui réussissent mieux sont ceux qui sont disciplinés au cours. Une autre catégorie non négligeable évoque le suivi des parents. Ces deux facteurs ne sont-ils pas déterminants pour la réussite d’un élève ? Le suivi par les parents est-il effectif dans cette classe ou fait-il défaut ? Comment l’école compte-t-elle s’y prendre pour satisfaire ces manquements ? Quelle politique mener auprès des élèves et des parents pour mettre à contribution ses facteurs déterminants pour la réussite des élèves ?
B/ Les élèves ont-ils la même chance de réussir ?
OUI | NON | TOTAL | |
Effectifs | 4 | 8 | 12 |
Pourcentages | 33, 33% | 66, 66% | 100% |
Au regard de ces résultats, nous constatons que plus de 60% des professeurs sont conscients que les élèves n’ont pas tous les mêmes chances de réussite. Quelles sont les raisons qui peuvent justifier cette position ? S’agit-il des dispositions psychologiques et intellectuelles qui varient d’un élève à un autre ? Est-ce la situation sociale des parents qui justifie ces inégalités ? Certains sont-ils plus conscients que d’autres ?
C/ Les difficultés rencontrés
Effectifs | Pourcentages | |
Effectifs pléthoriques | 4 | 33, 33% |
Manque de matériel | 2 | 16, 66% |
Salaires bas | 1 | 8, 33% |
Indiscipline des élèves | 5 | 41, 66% |
TOTAL | 12 | 100% |
Les professeurs de cette classe soulignent que l’indiscipline des élèves et les effectifs pléthoriques constituent les principales difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur fonction. Ces facteurs sont-ils donc déterminant pour le rendement aussi bien celui des enseignants que celui des élèves ? Contribuent-ils à créer un climat favorable pour l’apprentissage ? La réaction des enseignants ne doit-elle pas interpeller le chef d’établissement, les parents et les élèves ?
D/ Amélioration des résultats ?
OUI | NON | TOTAL | |
Effectifs | 5 | 7 | 12 |
Pourcentages | 41, 66% | 58, 33% | 100% |
Ces résultats montrent que les professeurs notent une légère amélioration des résultats. Cette amélioration reste cependant insuffisante. Est-ce une manière de dire que les résultats peuvent être largement mieux que ce qui se présente aujourd’hui ? Cette insuffisance cache-t-elle les inégalités de réussite qui peuvent subsister entre les élèves ? Est-ce le rendement des enseignants qui n’est pas satisfaisant ?
E/ Le système scolaire permet-il de limiter les échecs ?
OUI | NON | TOTAL | |
Effectifs | 3 | 9 | 12 |
Pourcentages | 25% | 75% | 100% |
Au regard de ces résultats, nous constatons que la grande majorité des professeurs de cette classe reconnait que le système scolaire actuel ne permet pas de limiter les échecs scolaires. Bien au contraire, il les entretiens. N’est-ce pas là une contradiction ? Faut-il revoir tout le système éducatif camerounais ? Qu’est-ce qui provoque cette contradiction ? Y a-t-il des solutions immédiates à ce problème ?
III. APPORT ET APPRECIATION
Après avoir présenté le déroulement de notre stage et l’enquête sur les inégalités de réussite, il convient pour nous, dans cette ultime partie, de dire en quelques mots ce que nous avons observé et de faire une appréciation.
III.1. Apport personnel
Que pouvons dire de cette semaine de stage passée au sein du collège saint Benoit ? Telle est la question à laquelle nous allons essayer de donner une réponse.
Cette semaine de stage a été pour nous une expérience très enrichissante. Elle nous permis d’être au contact des élèves, de discuter avec les enseignants, et surtout d’avoir un nouveau regard sur la fonction enseignante. En effet, avec ce stage nous sommes parvenus à la conclusion suivante : éduquer un enfant n’est pas chose facile, mais c’est une réelle vocation au service de la promotion humaine.
Toutefois, au cours de ce stage, nous avons observé une collaboration entre les membres de l’administration et les enseignants. Le travail que nous présentons est d’ailleurs le fruit de cette collaboration. Nous avons été reçus avec courtoisie. Une grande disponibilité s’est fait sentir. Disponibilité qui nous a permis de gagner du temps dans les démarches de notre enquête. On peut dire ici que les membres de l’administration et les enseignants se sont fortement impliqué pour nous aider à réaliser notre enquête.
Quant à la classe de troisième dans laquelle s’est déroulé notre stage, nous avons aussi noté une collaboration des élèves. De manière spontanée, ils ont répondu à notre préoccupation. Cette classe est relativement jeune. Cependant, l’effectif semble pour nous être une préoccupation. C’est une classe de 46 élèves. Nous pensons à notre avis que pour une classe d’examen, il serait souhaitable de réduire l’effectif afin de permettre aux élèves de bien suivre et d’augmenter le rendement des enseignants.
Nous avons noté une volonté d’apprentissage de la part des élèves. Par exemple au cours de français, nous avons constaté que la grande majorité participe au cours. En effet, au début de la leçon, le professeur fait une révision de la leçon précédente. C’est une révision orale qui se fait par un jeu de questions-réponses. Nous pouvons dire ici que beaucoup d’élèves de cette classe s’appliquent à relire les cours avant de venir en classe. La correction des mauvaises réponses se fait par les élèves sous la direction du professeur. Pendant le cours, l’élève apprend lui-même à construire son savoir. Le professeur n’est pas le seul à prendre la parole. C’est un dialogue alimenté par un jeu de questions-réponses entre l’enseignant et les élèves.
En dépit de cette volonté d’apprentissage, nous avons noté un certain manque d’attention chez certains élèves. Pendant que le professeur dispense le cours, certains ne suivent pas parce qu’ils sont distraits et bavardent. Ils s’intéressent à autre chose qui n’a rien avoir avec le cours. Ces causeries posent ici un problème de discipline pendant le cours. Ce manque d’attention peut favoriser des échecs, car dans un tel contexte, il est difficile à l’élève de comprendre le cours. Un manque d’éveil se fait ressentir chez certains.
III.2. Appréciation
Dans cette dernière section, il est question pour nous de faire une appréciation sur le stage que nous avons effectué au collège saint Benoît. Cette appréciation peut prendre à certains moments la forme d’une lecture sociologique des résultats fournis par notre enquête sur la sélection en milieu scolaire.
En nous référant à la pensée de Durkheim, nous pouvons comprendre que l’école est un lieu de socialisation. Cependant, cette socialisation par l’école contient en elle-même une contradiction car elle ne peut se penser sans la sélection. En effet, « socialisation et sélection sont deux faces d’une même réalité »[1]. Mais comment se manifeste la sélection en milieu scolaire ? Les sociologues de l’éducation nous font comprendre que l’école comme moyen de socialisation a un rôle ambivalent. En ce sens, elle « unifie en socialisant et divise en sélectionnant »[2].
La sélection au niveau scolaire se présente sous forme d’évaluation qui est ici la mesure qui permet d’estimer la compétence d’un élève. En effet, « on évalue la maîtrise du savoir et du savoir-faire par les méthodes supposées objectives. L’opération conduit à une hiérarchisation des individus »[3]. Nous constatons qu’à la fin de l’évaluation, les élèves les moins compétents ou qui n’ont pas d’aptitudes sont mis au bas de l’échelle, et subissent la moquerie des élèves qui ont bien travaillés. Les moins compétents doivent donc faire leurs preuves pour pouvoir espérer être comptés parmi les meilleurs, sinon ils courent le risque d’être écarté de la compétition, si on peut s’exprimer en ces termes.
La sélection fait donc apparaître une forme de hiérarchisation scolaire qui semble être « la reproduction des hiérarchies sociales par la transmutation des hiérarchies sociales en hiérarchies scolaires »[4]. Ainsi, ceux qui ont des aptitudes et qui réussissent au control et aux séquences, se considèrent supérieurs à ceux qui ont été inaptes. Nous l’avons constaté pendant notre stage que les élèves qui avaient réussis à l’exercice donné par le professeur se moquaient de ceux qui n’avaient pas de bonnes notes. Par l’évaluation, l’école est conçue comme une instance de sélection.
La sélection par l’acte pédagogique peut se manifester à travers le message ou le code. En ce sens, si le message, c’est-à-dire le contenu de la leçon, n’est pas assimilé pour l’ensemble des élèves, « l’enseignement n’est plus qu’une sélection »[5]. La sélection peut aussi se manifester à travers le rythme du cours. S’il est rapide, il y a beaucoup de chance que les moins doués ne s’y adaptent. N’oublions pas que dans cette classe de troisième, beaucoup d’élèves ont justifié leurs mauvaises notes parce qu’ils ne comprennent rien ou que le professeur n’explique pas bien, selon leurs dires. En effet, « un cours magistral est souvent presque inaudible à cause de son rythme ; il suffit d’un instant d’inattention pour perdre le fils ; alors, les phrases entendues n’ont plus de sens »[6]. La sanction est encore une autre voie à travers laquelle se manifeste la sélection parce qu’elle agit contre la volonté de l’élève d’apprendre. Il faut ici comprendre que « le châtiment est très souvent une forme sournoise de sélection, plus grave et plus injuste que les échecs aux examens. En effet, par ce qu’il comporte d’humiliant, il décourage d’apprendre »[7].
En parlant de sélection, l’enseignant est perçu comme un agent de sélection, du moment où il est celui-là même qui évalue les élèves. Toutefois, il lui arrive très souvent dans ses rapports avec les élèves de jouer un mauvais rôle en ce qui concerne la hiérarchisation ou la différenciation de ces derniers. On peut lui reprocher sa préférence pour les meilleurs élèves. En effet, « d’un côté, le maître exige, loue et renforce les performances des élèves jugés meilleurs ; de l’autre, il use plus souvent d’une critique négative vis-à-vis des enfants desquels il attend peu »[8]. Dans ce contexte, le pouvoir du professeur sur l’élève n’est pas négligeable, car il peut encourager (c’est le cas des bravos après une bonne réponse), comme il peut aussi décourager (c’est le cas des sanctions après une mauvaise réponse). L’enseignant se trouve donc au centre de la sélection. Et il faut ici comprendre que tout acte pédagogique est presque toujours un acte de sélection.
A cela s’ajoute le problème des inégalités scolaires. Celles-ci sont précédées par les inégalités sociales qui se résument dans le rapport riches-pauvres. De cette situation, il s’en suit que les chances scolaires d’un individu sont relatives à la situation sociale des parents. Plus les parents ont une situation sociale aisée, c’est-à-dire sont économiquement forts, plus l’enfant a de grandes chances de réussir à l’école. Inversement, moins les parents ont une situation sociale moins aisée, c’est-à-dire sont économiquement faibles, moins l’enfant a des chances de réussite. En effet, nous pouvons comprendre à partir des résultats de notre enquête que les élèves qui sont déposés par les parents à l’école, ceux qui ont la totalité des fournitures (livres) et qui ont un répétiteur, sont pour la plus part issus des familles nantis. Nous ne pouvons pas ici contredire qu’aujourd’hui la scolarisation d’un enfant coûte très cher aux parents. Et on constate sur le terrain « des écarts absolus entre le taux de scolarisation des différentes classes sociales »[9]. Les familles pauvres ou moins nantis sont ainsi défavorisées devant les familles riches.
Il n’est donc pas surprenant que pour certaines personnes « l’école serait à l’origine de toutes les inégalités sociales »[10]. En effet, telle que la situation se présente, les enfants des riches ont plus de chances de réussite scolaire, de faire de longues études, d’occuper de grandes fonctions au sein de la société, avoir de très grands salaires et conserver leur situation sociale. Nous pouvons comprendre que ce ne sont pas forcement les meilleurs qui réussissent, mais ceux qui ont eu la chance d’appartenir à une classe sociale favorisée.
La sélection scolaire se fait aussi présente en considérant la question du genre. L’école d’aujourd’hui entretient des inégalités en considérant le sexe. En effet, dans le passé le taux de scolarisation des filles était très inférieur à celui des garçons. Cependant, depuis quelques décennies, il y a comme une révolution à ce niveau. Non seulement le taux de scolarisation des filles a largement augmenté, mais on constate aussi une croissance exponentielle du taux de réussite. Les chiffres en sont révélateurs dans les résultats de notre enquête. Les filles sont de plus en plus nombreuses dans les lycées et collèges. Nous constatons aussi que pendant le cours, les filles sont plus assidues et plus concentrées que les garçons. Elles sont moins perturbatrices que les garçons, leur conduite est de qualité en comparaison avec leurs pairs masculin. C’est du moins ce que nous avons constaté pendant notre stage. Mais nous constatons paradoxalement qu’en classe, les filles qui sont plus disciplinées que les garçons, reçoivent moins d’attention de la part des enseignants. Ces derniers, peut-être de manière inconsciente, valorisent et collaborent plus avec les garçons qu’avec les filles. N’est-ce pas là une sélection sournoise et une manière d’entretenir les inégalités scolaires ?
CONCLUSION
Nous pouvons dire avec certitude que notre stage au collège saint Benoit a été une expérience enrichissante du fait qu’il nous a permis de toucher du doigt la réalité scolaire. Pour cerner le problème de la sélection en milieu scolaire, nous avons procédé par une enquête dont les personnes cibles étaient les élèves, les enseignants et les parents. Notre enquête qui avait pour support des questionnaires adressés à ces différentes cibles, nous a permis d’avoir des données quantifiables. Même si les résultats de notre enquête, que nous retrouvons dans les tableaux, ne nous disent pas de manière claire les principales causes de la sélection en milieu scolaire, ils nous donnent cependant une certaine orientation qui n’est pas loin de la réalité. A partir des résultats de notre enquête nous pouvons comprendre que dans la classe de troisième B, les éléments déterminants de la sélection sont : la situation sociale des parents, la discipline, le niveau de compréhension du cours. A ces éléments déterminants, se joignent d’autres éléments tel le suivi des parents à la maison.
Mais nous devons retenir que l’éducation vue comme socialisation de l’homme entretient en elle-même des paradoxes. En effet, la socialisation s’impose à l’homme et pose un problème éthique. L’école qui est le milieu où s’effectue cette socialisation et supposée être garante de la morale devient une institution où réside les inégalités et injustices. Car il est impossible de parler de socialisation en excluant la sélection du moment où les deux sont étroitement liées. La sélection est le revers de la socialisation. L’école unit en socialisant, et divise en sélectionnant. La sélection reste ici le résultat du système d’enseignement et s’opère à travers l’évaluation ou les examens. Elle a comme principal agent l’enseignant, qui souvent n’a pas le choix que de jouer ce rôle.
BIBLIOGRAPHIE
-BOURDIEU (P), PASSERON (J), La reproduction, éléments pour une théorie du système d’enseignement, Paris, Les éditions de Minuit, 1987.
-CHERKAOUI (M), Sociologie de l’éducation, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1986.
-DUBET (F), MARTUCCELLI (D), A l’école, sociologie de l’expérience scolaire, Paris, Seuil, 1966.
-REBOUL (O), Qu’est-ce qu’apprendre ? Paris, PUF, 1991.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION.....................................................................................................................1
I. PRESENTATION GENERALE...............................................................................2
I.1. Situation et structure..................................................................................................... 2
I.2. Les objectifs du collège................................................................................................. 3
II. DEROULEMENT DU STAGE...................................................................................... .3
II.1. Déroulement chronologique........................................................................................ 3
II.2. Enquête sur les inégalités.............................................................................................4
III.APPORT ET APPRECIATION......................................................................................11
III.1. Apport personnel.........................................................................................................11
III.2. Appréciation.......................................................................................................... ...12
CONCLUSION.........................................................................................................................16
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................................17
TABLE DES MATIERES.....................................................................................................18
[1] M. CHERKAOUI, Sociologie de l’éducation, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1986, p. 40.
[2] Ibid., p. 41.
[3] Ibid., p. 43.
[4] P. BOURDIEU, J.C. PASSERON, La reproduction, éléments pour une théorie du système d’enseignement, Paris, Les éditions de Minuit, 1987, p. 186.
[5] O. REBOUL, Qu’est-ce qu’apprendre, Paris, PUF, 1991, p. 155.
[6] Ibid., p. 157.
[7] Ibid., p. 159.
[8] M. CHERKAOUI, Sociologie de l’éducation, op. cit., p. 91.
[9] F. DUBET, D. MARTUCCELLI, A l’école, sociologie de l’expérience scolaire, Paris, Seuil, 1966, p. 311.
[10] Idem.
INTRODUCTION
En cette année académique 2010-2011, il nous a été demandé de passer un stage dans un établissement de notre choix. Ce stage s’inscrit dans le cursus de formation de la filière éducative à la faculté de philosophie. Nous avons donc choisi le collège catholique bilingue saint Benoit. Ce choix n’a pas été arbitraire. En effet, étant prêtre et futur enseignant dans les collèges catholiques, nous avons jugé bon de passer notre stage dans le milieu dans lequel nous allons travailler demain. Ceci pour nous imprégner de la réalité qui nous attend.
Pour notre travail, nous avons choisi de réfléchir sur la sélection en milieu scolaire. Que pouvons-nous comprendre par sélection ? En termes simples, la sélection se présente comme le revers de la socialisation. Tandis que la socialisation unit, la sélection divise, crée des paliers. La sélection est une division de la population scolaire en groupes inégaux, en partant de certains critères. Il faut ici comprendre que dans chaque école il existe des inégalités qui peuvent être : des inégalités de sexe, de réussite, les inégalités sociales, etc. Les inégalités font partie de la vie scolaire. Pour notre part, dans notre recherche nous avons mis l’accent sur les inégalités de réussite comme forme de sélection. Comment se présente la sélection en milieu scolaire ? Quels sont les facteurs déterminants qui peuvent être à l’origine des inégalités de réussite en milieu scolaire ? Ce sont là quelques interrogations qui vont nous orienter dans notre recherche.
Comme méthode, nous avons procédé à la distribution des questionnaires adressés aux élèves, aux parents et aux enseignants. Nous retrouverons ces différents questionnaires en annexe de notre travail. En plus des questionnaires, nous avons procédé aux entretiens avec les élèves, pour avoir leurs avis de manière directe. Nous avons aussi jugé bon d’assister à certains cours pour prendre des notes sur certaines attitudes, soit des élèves, soit des enseignants, susceptibles de nous éclairer sur notre recherche.
Notre travail s’articule alors sur trois grands axes, à savoir : la présentation générale, le déroulement du stage, l’apport personnel et l’appréciation.
I.PRESENTATION GENERALE
Avant de nous lancer en profondeur dans notre investigation, il convient pour nous de procéder à une présentation du milieu dans lequel nous avons effectué notre stage. Dans cette première partie, nous voulons situer le collège catholique bilingue saint Benoit, et présenter les objectifs de ce milieu scolaire.
I.1. Situation et structure
Le collège catholique bilingue saint Benoit est une institution d’enseignement secondaire catholique, dirigé par les missionnaires de la Congrégation des Fils l’Immaculée Conception. Il a vu le jour un peu avant l’arrivée du Pape Benoit XVI en mars 2009. C’est donc en 2006 qu’on a procédé à la pose de la première pierre de cet établissement. Il est situé dans l’Archidiocèse de Yaoundé, précisément à Mvolyé, près de l’imprimerie saint Paul, en face du siège de la conférence épiscopale. Un peu plus loin, c’est-à-dire au sommet de la colline de Mvolyé, se trouve la Basilique Marie Reine des Apôtres.
Comme structure, le collège catholique saint Benoit comprend en son sein, deux grands bâtiments de deux étages chacun. Ces deux bâtiments imposants par leur architecture, sont l’un en face de l’autre. Au milieu se trouve la cours de récréation qui fait aussi office d’air de jeux sportifs (Football et hand-ball). Chaque bâtiment comprend 18 salles de classes, dont certaines ne sont pas encore occupées. En effet, le collège saint Benoit, qui pour l’instant s’arrête au niveau seconde, a le projet d’étendre ses classes jusqu’au niveau terminal. En plus des salles de classes, se trouvent répartis dans les différents bâtiments, le bureau du principal, les bureaux des directeurs des études (section francophone et anglophone), celui de l’économe, la salle des professeurs, la salle d’informatique et un espace commercial. C’est donc un collège en plein expansion.
II.2. Les objectifs du collège
Le collège catholique bilingue saint Benoit accueille des jeunes de toute origine sociale, culturelle ou religieuse. Il a pour vocation d’assurer la formation intégrale des enfants qui lui sont confiés. Il propose à l’élève une éducation qui prône les valeurs morales et chrétiennes. Le collège saint Benoit se propose de mettre l’enfant au centre de ses apprentissages, en lui apprenant à se prendre en charge. C’est donc un lieu d’épanouissement de l’éduqué du moment où on lui apprend autre chose qu’une simple réussite matérielle.
Ce collège a aussi pour objectif de développer chez l’enfant le sens de responsabilité personnelle, le goût du service et de l’effort, l’ouverture à l’universel, la conscience des solidarités. Ainsi, apprendre à saint Benoit, c’est grandir avec son établissement, c’est apprendre à devenir citoyen par sa participation scolaire avec le souci de respecter toute personne, y compris l’environnement. Apprendre à saint Benoit, c’est non seulement se former par une pédagogie de transfiguration, mais surtout apprendre par une pédagogie centrée sur le développement des qualités humaines, intellectuelles et spirituelles. Apprendre ou grandir à saint Benoit, c’est s’épanouir dans un établissement où on est accueilli, valorisé, aimé, guidé dans ses choix, sinon dans sa vie. Apprendre à saint Benoit c’est trouver des repères et des valeurs utiles pour une vie heureuse.
II. DEROULEMENT DU STAGE
Après une présentation générale de notre lieu de stage, qui n’est autre que le collège catholique bilingue saint Benoit, il convient pour nous de décrire le déroulement de notre stage. Nous entendons par là présenter le déroulement chronologique et les résultats de notre enquête sur la sélection en milieu scolaire.
II.1. Déroulement chronologique
Notre stage au collège saint Benoit s’est déroulé du lundi 11 au vendredi 15 avril 2011. La journée du lundi 11 avril, marquant le début de notre stage, a été une journée de prise de contact avec l’administration du dit établissement. Il s’agissait pour nous de présenter notre projet et de nous familiariser avec le milieu. Dès 8h30, nous avons été reçus par le principal du collège. Au cours de notre entretien, nous avons présenté notre thème et la manière dont nous comptions procéder pour atteindre les objectifs de notre recherche. Il était question pour nous de mener une enquête sur la sélection en milieu scolaire. Après examen de notre thème, le principal nous a orientés vers le directeur des études de la section anglophone, en nous suggérant de travailler avec le niveau troisième. Avec le directeur des études, à nouveau, nous avons examiné le thème et les questionnaires que nous avions apprêté pour notre enquête. Avec lui, le choix sur la classe de 3e B (form 4B) a été adopté comme notre classe de stage. La matinée s’est achevée avec une présentation brève de la dite classe, et d’une visite de l’espace scolaire (bâtiments et aires de jeux).
La matinée du mardi 12 avril, nous avons commencé notre stage en 3e B. c’est une classe de 46 élèves où les filles sont majoritaires. Soit 29 filles et 17 garçons. Les âges varient de 12 à 16ans. Nous avons consacré la matinée à la distribution des questionnaires adressés aux élèves et aux parents d’élèves. La matinée s’est achevée avec des échanges fructueux et enrichissant sur les causes d’échecs scolaires. Des questions on donc alimenté ces échanges, à savoir : Pourquoi certains élèves réussissent et d’autres pas ? Quels sont les facteurs qui concourent soit à la réussite, soit à l’échec en milieu scolaire ?
Le mercredi 13 avril 2011, nous avons assisté au cours de français, articulé de la manière suivante : prière – minute de l’information – thème (leçon) du jour.
Le jeudi 14 avril 2011, nous avons procédé au ramassage des questionnaires distribués aux élèves et aux parents. Nous avons noté que les élèves n’ont eu aucune difficulté à remplir les questionnaires. A la fin de la matinée, le tour revenait aux professeurs intervenants en 3e B, de remplir le questionnaire qui leur était destiné.
Le vendredi 15 avril a été pour nous la journée marquant la fin de notre stage. C’était pour nous le moment d’avoir les derniers entretiens avec les élèves. A la fin, nous avons remercié tous ceux qui ont participé au bon déroulement de notre travail, à savoir les élèves, enseignants et membres de l’administration. C’est donc avec un sentiment de satisfaction, sentiment que nous avions exprimé au principal, que nous avions quitté le collège saint Benoit.
II.2. Enquête sur les inégalités
A/ Quartier de résidence
Effectifs | Pourcentages | |
Quartiers éloignés du collège | 32 | 69,56% |
Quartiers non éloignés du collège | 14 | 30,43% |
TOTAL | 46 | 100% |
Nous constatons que beaucoup d’élèves vivent très loin du collège. Pourquoi les parents ont-ils choisis un établissement éloigné de leurs lieux d’habitation ? Ont-ils de la préférence pour cet établissement ? Ne pouvaient-ils pas inscrire leurs enfants dans un établissement proche de leur quartier ? N’avaient-ils pas de choix au moment d’inscrire les enfants ?
B/ Moyens de locomotion
Taxi | On me dépose | Je vais à pied | TOTAL | |
Effectifs | 31 | 13 | 2 | 46 |
Pourcentages | 67, 39% | 28, 26% | 4, 34% | 100% |
Nous constatons que la majorité des élèves de cette classe emprunte le taxi comme moyen de locomotion. Le tiers est déposé par les parents. Les parents n’ont-ils pas la possibilité de les déposer eux-mêmes ? Les familles sont-elles suffisamment aisées financièrement ? Dans tous les cas, n’est-ce pas là un effort des parents de faire en sorte que les enfants arrivent à l’heure en classe ?
C/ Ages
12 ans | 13 ans | 14 ans | 15 ans | 16 ans | TOTAL | |
Effectifs | 4 | 5 | 19 | 14 | 4 | 46 |
Pourcentages | 8, 69% | 10, 86% | 40, 30% | 30, 43% | 8, 69% | 100% |
Dans cette classe, la majorité des élèves ont entre 14 et 15 ans. Ce qui correspond à l’âge moyen pour ce niveau. Cette catégorie représente pratique 70% de l’effectif de la classe. Que pouvons-nous comprendre ici ? Une grande partie des élèves de cette classe a fait un parcourt sans faute ? Ne sont-ils pas nombreux à avoir repris les classes antérieures ?
D/ Sexes
Masculin (M) | Féminin (F) | TOTAL | |
Effectifs | 17 | 29 | 46 |
Pourcentages | 36, 95% | 63, 04% | 100% |
Nous sommes dans une classe où les filles sont plus nombreuses que les garçons, c’est-à-dire plus de la moitié de la classe. N’est-ce pas là un cas qui illustre bien la réalité démographique du Cameroun ? Les femmes ne sont-elles pas souvent plus nombreuses que les hommes ?
E/ Travail à la maison
Élève avec répétiteur | Lecture personnelle | Par les parents | Groupes De travail | TOTAL | |
Effectifs | 9 | 36 | 1 | 0 | 46 |
Pourcentages | 19, 56% | 78, 26% | 2, 17% | 0% | 100% |
Plus de la moitié de la classe travail individuellement à la maison. Soit les 2/3 de l’effectif. Par contre, aucun d’entre eux ne travaille en groupe de travail à la maison. Cette situation ne traduit-elle pas que les enfants n’ont pas de suivi à la maison ? Les parents ne sont-ils pas démissionnaires face au suivi des enfants à la maison ? Les enfants eux-mêmes sont-ils conscients de l’importance de leur travail à la maison pour sortir de leurs lacunes ? Ont-ils pris conscience qu’ils doivent travailler avec d’autres personnes à la maison pour améliorer leurs performances ?
F/ Heure de réveil
5h 00 | 6h 00 | 7h 00 | TOTAL | |
Effectifs | 36 | 8 | 2 | 46 |
Pourcentages | 78, 26% | 17, 39% | 4, 34% | 100% |
C’est une classe matinale. Plus de la moitié de la classe se réveil à 5h. Les enfants se réveillent très tôt parce qu’ils habitent très loin du collège ou c’est pour une autre raison? Profitent-ils de ce temps pour relire les cours avant de venir en classe ? Est-ce les parents qui les réveillent ou ils le font eux-mêmes par souci de réussir ?
G/ Situation sociale des parents
Enseignants | Professions libérale | Fonctionnaires | Cadres supérieurs | Sans emploi ou retraité | TOTAL | |
Effectifs | 4 | 5 | 23 | 7 | 7 | 46 |
Pourcentages | 8, 69% | 10, 86% | 50% | 15, 21% | 15, 21% | 100% |
La moitié des élèves de cette classe, c’est-à-dire 50%, ont des parents fonctionnaires. On peut comprendre que beaucoup d’entre eux sont de famille de classe sociale moyenne. Mais les salaires des parents sont-ils suffisant pour s’occuper convenablement de la scolarité de leurs enfants ? N’y a-t-il pas un écart entre leurs enfants et ceux des cadres supérieurs du moment où l’école exige d’énormes moyens pour une bonne scolarité ? Les enfants dont les parents sont sans emploi ou retraité, ont-ils les mêmes chances de réussite que ceux qui ont les parents qui travaillent ?
H/ Situation matrimoniale des parents
Mariés | Polygames | Monoparentale | TOTAL | |
Effectifs | 35 | 2 | 9 | 46 |
Pourcentages | 76, 08% | 4, 34% | 19, 56% | 100% |
Nous constatons que plus de la moitié des élèves de cette classe est issue des familles dont les couples sont mariés, c’est-à-dire qu’ils vivent avec papa et maman sous le même toit. Cette catégorie est-elle plus avantagée que les autres ? Ceux qui sont des familles polygames ou monoparentales sont-ils confrontés à des difficultés qui réduisent leur chance de réussite ? L’équilibre familial n’est-il pas un facteur déterminant pour l’épanouissement de l’enfant ?
I/ Fournitures scolaires (pas en totalité)
Oui | Non | TOTAL | |
Effectifs | 34 | 12 | 46 |
Pourcentages | 79, 91% | 26, 08% | 100% |
La plupart des élèves de cette classe ne possède pas la totalité des fournitures scolaires. Suivent-ils bien les cours ? Sont-ils au même niveau de compréhension que ceux qui ont des livres ? Cela ne constitue-t-il pas un obstacle pour leur travail personnel (exercices et approfondissement du cours) à la maison ? Cette situation n’est-elle pas contraignante pour le professeur qui doit s’assurer du travail des élèves et de la compréhension de son cours ?
J/ Alimentation (suffisante)
Oui | Ça dépend | Non | TOTAL | |
Effectifs | 38 | 8 | 0 | 46 |
Pourcentages | 82, 60% | 17, 39% | 0% | 100% |
Dans cette classe, presque tous les élèves sont bien nourrit par les parents. Il ne se pose pas un problème de famine ou de sous nutrition. Pouvons-nous comprendre ici que ces élèves ont suffisamment de force et d’énergie pour étudier ? Sont-ils en bonne santé ?
K/ Les causes de la sous moyenne
Effectifs | Pourcentages | |
Il y a le désordre en classe | 16 | 34, 78% |
Je ne comprends pas | 13 | 28, 26% |
Il y a des problèmes à la maison | 4 | 8, 69% |
Pas de suivi à la maison | 6 | 13, 04% |
Pas de temps pour étudier | 2 | 4, 34% |
Le professeur n’explique pas bien | 3 | 6, 52% |
Problème de santé (maladie) | 2 | 4, 34% |
TOTAL | 46 | 100% |
Beaucoup d’élèves se plaignent du désordre en classe. Beaucoup d’entre eux ne comprennent pas le cours. Y a-t-il un problème de discipline dans cette classe ? Le désordre en classe n’empêche-t-il pas beaucoup d’entre eux à être attentif aux explications du professeur ? Se pose-t-il une crise d’autorité des enseignants dans cette classe ?
· Avis des enseignants.
A/ Qui réussit mieux ?
Effectifs | Pourcentages | |
Ceux des familles aisées | 2 | 16, 66% |
Ceux qui ont un suivi dans la famille | 3 | 25% |
Ceux qui sont disciplinés en classe | 6 | 50% |
Ceux qui sont assis devant | 1 | 8, 33% |
TOTAL | 12 | 100% |
La moitié des professeurs conviennent que ceux qui réussissent mieux sont ceux qui sont disciplinés au cours. Une autre catégorie non négligeable évoque le suivi des parents. Ces deux facteurs ne sont-ils pas déterminants pour la réussite d’un élève ? Le suivi par les parents est-il effectif dans cette classe ou fait-il défaut ? Comment l’école compte-t-elle s’y prendre pour satisfaire ces manquements ? Quelle politique mener auprès des élèves et des parents pour mettre à contribution ses facteurs déterminants pour la réussite des élèves ?
B/ Les élèves ont-ils la même chance de réussir ?
OUI | NON | TOTAL | |
Effectifs | 4 | 8 | 12 |
Pourcentages | 33, 33% | 66, 66% | 100% |
Au regard de ces résultats, nous constatons que plus de 60% des professeurs sont conscients que les élèves n’ont pas tous les mêmes chances de réussite. Quelles sont les raisons qui peuvent justifier cette position ? S’agit-il des dispositions psychologiques et intellectuelles qui varient d’un élève à un autre ? Est-ce la situation sociale des parents qui justifie ces inégalités ? Certains sont-ils plus conscients que d’autres ?
C/ Les difficultés rencontrés
Effectifs | Pourcentages | |
Effectifs pléthoriques | 4 | 33, 33% |
Manque de matériel | 2 | 16, 66% |
Salaires bas | 1 | 8, 33% |
Indiscipline des élèves | 5 | 41, 66% |
TOTAL | 12 | 100% |
Les professeurs de cette classe soulignent que l’indiscipline des élèves et les effectifs pléthoriques constituent les principales difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur fonction. Ces facteurs sont-ils donc déterminant pour le rendement aussi bien celui des enseignants que celui des élèves ? Contribuent-ils à créer un climat favorable pour l’apprentissage ? La réaction des enseignants ne doit-elle pas interpeller le chef d’établissement, les parents et les élèves ?
D/ Amélioration des résultats ?
OUI | NON | TOTAL | |
Effectifs | 5 | 7 | 12 |
Pourcentages | 41, 66% | 58, 33% | 100% |
Ces résultats montrent que les professeurs notent une légère amélioration des résultats. Cette amélioration reste cependant insuffisante. Est-ce une manière de dire que les résultats peuvent être largement mieux que ce qui se présente aujourd’hui ? Cette insuffisance cache-t-elle les inégalités de réussite qui peuvent subsister entre les élèves ? Est-ce le rendement des enseignants qui n’est pas satisfaisant ?
E/ Le système scolaire permet-il de limiter les échecs ?
OUI | NON | TOTAL | |
Effectifs | 3 | 9 | 12 |
Pourcentages | 25% | 75% | 100% |
Au regard de ces résultats, nous constatons que la grande majorité des professeurs de cette classe reconnait que le système scolaire actuel ne permet pas de limiter les échecs scolaires. Bien au contraire, il les entretiens. N’est-ce pas là une contradiction ? Faut-il revoir tout le système éducatif camerounais ? Qu’est-ce qui provoque cette contradiction ? Y a-t-il des solutions immédiates à ce problème ?
III. APPORT ET APPRECIATION
Après avoir présenté le déroulement de notre stage et l’enquête sur les inégalités de réussite, il convient pour nous, dans cette ultime partie, de dire en quelques mots ce que nous avons observé et de faire une appréciation.
III.1. Apport personnel
Que pouvons dire de cette semaine de stage passée au sein du collège saint Benoit ? Telle est la question à laquelle nous allons essayer de donner une réponse.
Cette semaine de stage a été pour nous une expérience très enrichissante. Elle nous permis d’être au contact des élèves, de discuter avec les enseignants, et surtout d’avoir un nouveau regard sur la fonction enseignante. En effet, avec ce stage nous sommes parvenus à la conclusion suivante : éduquer un enfant n’est pas chose facile, mais c’est une réelle vocation au service de la promotion humaine.
Toutefois, au cours de ce stage, nous avons observé une collaboration entre les membres de l’administration et les enseignants. Le travail que nous présentons est d’ailleurs le fruit de cette collaboration. Nous avons été reçus avec courtoisie. Une grande disponibilité s’est fait sentir. Disponibilité qui nous a permis de gagner du temps dans les démarches de notre enquête. On peut dire ici que les membres de l’administration et les enseignants se sont fortement impliqué pour nous aider à réaliser notre enquête.
Quant à la classe de troisième dans laquelle s’est déroulé notre stage, nous avons aussi noté une collaboration des élèves. De manière spontanée, ils ont répondu à notre préoccupation. Cette classe est relativement jeune. Cependant, l’effectif semble pour nous être une préoccupation. C’est une classe de 46 élèves. Nous pensons à notre avis que pour une classe d’examen, il serait souhaitable de réduire l’effectif afin de permettre aux élèves de bien suivre et d’augmenter le rendement des enseignants.
Nous avons noté une volonté d’apprentissage de la part des élèves. Par exemple au cours de français, nous avons constaté que la grande majorité participe au cours. En effet, au début de la leçon, le professeur fait une révision de la leçon précédente. C’est une révision orale qui se fait par un jeu de questions-réponses. Nous pouvons dire ici que beaucoup d’élèves de cette classe s’appliquent à relire les cours avant de venir en classe. La correction des mauvaises réponses se fait par les élèves sous la direction du professeur. Pendant le cours, l’élève apprend lui-même à construire son savoir. Le professeur n’est pas le seul à prendre la parole. C’est un dialogue alimenté par un jeu de questions-réponses entre l’enseignant et les élèves.
En dépit de cette volonté d’apprentissage, nous avons noté un certain manque d’attention chez certains élèves. Pendant que le professeur dispense le cours, certains ne suivent pas parce qu’ils sont distraits et bavardent. Ils s’intéressent à autre chose qui n’a rien avoir avec le cours. Ces causeries posent ici un problème de discipline pendant le cours. Ce manque d’attention peut favoriser des échecs, car dans un tel contexte, il est difficile à l’élève de comprendre le cours. Un manque d’éveil se fait ressentir chez certains.
III.2. Appréciation
Dans cette dernière section, il est question pour nous de faire une appréciation sur le stage que nous avons effectué au collège saint Benoît. Cette appréciation peut prendre à certains moments la forme d’une lecture sociologique des résultats fournis par notre enquête sur la sélection en milieu scolaire.
En nous référant à la pensée de Durkheim, nous pouvons comprendre que l’école est un lieu de socialisation. Cependant, cette socialisation par l’école contient en elle-même une contradiction car elle ne peut se penser sans la sélection. En effet, « socialisation et sélection sont deux faces d’une même réalité »[1]. Mais comment se manifeste la sélection en milieu scolaire ? Les sociologues de l’éducation nous font comprendre que l’école comme moyen de socialisation a un rôle ambivalent. En ce sens, elle « unifie en socialisant et divise en sélectionnant »[2].
La sélection au niveau scolaire se présente sous forme d’évaluation qui est ici la mesure qui permet d’estimer la compétence d’un élève. En effet, « on évalue la maîtrise du savoir et du savoir-faire par les méthodes supposées objectives. L’opération conduit à une hiérarchisation des individus »[3]. Nous constatons qu’à la fin de l’évaluation, les élèves les moins compétents ou qui n’ont pas d’aptitudes sont mis au bas de l’échelle, et subissent la moquerie des élèves qui ont bien travaillés. Les moins compétents doivent donc faire leurs preuves pour pouvoir espérer être comptés parmi les meilleurs, sinon ils courent le risque d’être écarté de la compétition, si on peut s’exprimer en ces termes.
La sélection fait donc apparaître une forme de hiérarchisation scolaire qui semble être « la reproduction des hiérarchies sociales par la transmutation des hiérarchies sociales en hiérarchies scolaires »[4]. Ainsi, ceux qui ont des aptitudes et qui réussissent au control et aux séquences, se considèrent supérieurs à ceux qui ont été inaptes. Nous l’avons constaté pendant notre stage que les élèves qui avaient réussis à l’exercice donné par le professeur se moquaient de ceux qui n’avaient pas de bonnes notes. Par l’évaluation, l’école est conçue comme une instance de sélection.
La sélection par l’acte pédagogique peut se manifester à travers le message ou le code. En ce sens, si le message, c’est-à-dire le contenu de la leçon, n’est pas assimilé pour l’ensemble des élèves, « l’enseignement n’est plus qu’une sélection »[5]. La sélection peut aussi se manifester à travers le rythme du cours. S’il est rapide, il y a beaucoup de chance que les moins doués ne s’y adaptent. N’oublions pas que dans cette classe de troisième, beaucoup d’élèves ont justifié leurs mauvaises notes parce qu’ils ne comprennent rien ou que le professeur n’explique pas bien, selon leurs dires. En effet, « un cours magistral est souvent presque inaudible à cause de son rythme ; il suffit d’un instant d’inattention pour perdre le fils ; alors, les phrases entendues n’ont plus de sens »[6]. La sanction est encore une autre voie à travers laquelle se manifeste la sélection parce qu’elle agit contre la volonté de l’élève d’apprendre. Il faut ici comprendre que « le châtiment est très souvent une forme sournoise de sélection, plus grave et plus injuste que les échecs aux examens. En effet, par ce qu’il comporte d’humiliant, il décourage d’apprendre »[7].
En parlant de sélection, l’enseignant est perçu comme un agent de sélection, du moment où il est celui-là même qui évalue les élèves. Toutefois, il lui arrive très souvent dans ses rapports avec les élèves de jouer un mauvais rôle en ce qui concerne la hiérarchisation ou la différenciation de ces derniers. On peut lui reprocher sa préférence pour les meilleurs élèves. En effet, « d’un côté, le maître exige, loue et renforce les performances des élèves jugés meilleurs ; de l’autre, il use plus souvent d’une critique négative vis-à-vis des enfants desquels il attend peu »[8]. Dans ce contexte, le pouvoir du professeur sur l’élève n’est pas négligeable, car il peut encourager (c’est le cas des bravos après une bonne réponse), comme il peut aussi décourager (c’est le cas des sanctions après une mauvaise réponse). L’enseignant se trouve donc au centre de la sélection. Et il faut ici comprendre que tout acte pédagogique est presque toujours un acte de sélection.
A cela s’ajoute le problème des inégalités scolaires. Celles-ci sont précédées par les inégalités sociales qui se résument dans le rapport riches-pauvres. De cette situation, il s’en suit que les chances scolaires d’un individu sont relatives à la situation sociale des parents. Plus les parents ont une situation sociale aisée, c’est-à-dire sont économiquement forts, plus l’enfant a de grandes chances de réussir à l’école. Inversement, moins les parents ont une situation sociale moins aisée, c’est-à-dire sont économiquement faibles, moins l’enfant a des chances de réussite. En effet, nous pouvons comprendre à partir des résultats de notre enquête que les élèves qui sont déposés par les parents à l’école, ceux qui ont la totalité des fournitures (livres) et qui ont un répétiteur, sont pour la plus part issus des familles nantis. Nous ne pouvons pas ici contredire qu’aujourd’hui la scolarisation d’un enfant coûte très cher aux parents. Et on constate sur le terrain « des écarts absolus entre le taux de scolarisation des différentes classes sociales »[9]. Les familles pauvres ou moins nantis sont ainsi défavorisées devant les familles riches.
Il n’est donc pas surprenant que pour certaines personnes « l’école serait à l’origine de toutes les inégalités sociales »[10]. En effet, telle que la situation se présente, les enfants des riches ont plus de chances de réussite scolaire, de faire de longues études, d’occuper de grandes fonctions au sein de la société, avoir de très grands salaires et conserver leur situation sociale. Nous pouvons comprendre que ce ne sont pas forcement les meilleurs qui réussissent, mais ceux qui ont eu la chance d’appartenir à une classe sociale favorisée.
La sélection scolaire se fait aussi présente en considérant la question du genre. L’école d’aujourd’hui entretient des inégalités en considérant le sexe. En effet, dans le passé le taux de scolarisation des filles était très inférieur à celui des garçons. Cependant, depuis quelques décennies, il y a comme une révolution à ce niveau. Non seulement le taux de scolarisation des filles a largement augmenté, mais on constate aussi une croissance exponentielle du taux de réussite. Les chiffres en sont révélateurs dans les résultats de notre enquête. Les filles sont de plus en plus nombreuses dans les lycées et collèges. Nous constatons aussi que pendant le cours, les filles sont plus assidues et plus concentrées que les garçons. Elles sont moins perturbatrices que les garçons, leur conduite est de qualité en comparaison avec leurs pairs masculin. C’est du moins ce que nous avons constaté pendant notre stage. Mais nous constatons paradoxalement qu’en classe, les filles qui sont plus disciplinées que les garçons, reçoivent moins d’attention de la part des enseignants. Ces derniers, peut-être de manière inconsciente, valorisent et collaborent plus avec les garçons qu’avec les filles. N’est-ce pas là une sélection sournoise et une manière d’entretenir les inégalités scolaires ?
CONCLUSION
Nous pouvons dire avec certitude que notre stage au collège saint Benoit a été une expérience enrichissante du fait qu’il nous a permis de toucher du doigt la réalité scolaire. Pour cerner le problème de la sélection en milieu scolaire, nous avons procédé par une enquête dont les personnes cibles étaient les élèves, les enseignants et les parents. Notre enquête qui avait pour support des questionnaires adressés à ces différentes cibles, nous a permis d’avoir des données quantifiables. Même si les résultats de notre enquête, que nous retrouvons dans les tableaux, ne nous disent pas de manière claire les principales causes de la sélection en milieu scolaire, ils nous donnent cependant une certaine orientation qui n’est pas loin de la réalité. A partir des résultats de notre enquête nous pouvons comprendre que dans la classe de troisième B, les éléments déterminants de la sélection sont : la situation sociale des parents, la discipline, le niveau de compréhension du cours. A ces éléments déterminants, se joignent d’autres éléments tel le suivi des parents à la maison.
Mais nous devons retenir que l’éducation vue comme socialisation de l’homme entretient en elle-même des paradoxes. En effet, la socialisation s’impose à l’homme et pose un problème éthique. L’école qui est le milieu où s’effectue cette socialisation et supposée être garante de la morale devient une institution où réside les inégalités et injustices. Car il est impossible de parler de socialisation en excluant la sélection du moment où les deux sont étroitement liées. La sélection est le revers de la socialisation. L’école unit en socialisant, et divise en sélectionnant. La sélection reste ici le résultat du système d’enseignement et s’opère à travers l’évaluation ou les examens. Elle a comme principal agent l’enseignant, qui souvent n’a pas le choix que de jouer ce rôle.
BIBLIOGRAPHIE
-BOURDIEU (P), PASSERON (J), La reproduction, éléments pour une théorie du système d’enseignement, Paris, Les éditions de Minuit, 1987.
-CHERKAOUI (M), Sociologie de l’éducation, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1986.
-DUBET (F), MARTUCCELLI (D), A l’école, sociologie de l’expérience scolaire, Paris, Seuil, 1966.
-REBOUL (O), Qu’est-ce qu’apprendre ? Paris, PUF, 1991.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION.....................................................................................................................1
I. PRESENTATION GENERALE...............................................................................2
I.1. Situation et structure..................................................................................................... 2
I.2. Les objectifs du collège................................................................................................. 3
II. DEROULEMENT DU STAGE...................................................................................... .3
II.1. Déroulement chronologique........................................................................................ 3
II.2. Enquête sur les inégalités.............................................................................................4
III.APPORT ET APPRECIATION......................................................................................11
III.1. Apport personnel.........................................................................................................11
III.2. Appréciation.......................................................................................................... ...12
CONCLUSION.........................................................................................................................16
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................................17
TABLE DES MATIERES.....................................................................................................18